Rugby - Quels sont les enjeux du référendum de la FFR ?

La consultation des clubs de rugby français a débuté ce lundi à 12h00. Outre la nomination de Patrick Buisson en tant que président délégué de la FFR, c’est la politique de Bernard Laporte qui est jugée.

Patrick Buisson (à droite), candidat à la présidence déléguée de la Fédération française de rugby, au côté de Bernard Laporte Président mis à l'écart de la FFR.

Bernard Laporte ne fait pas l'unanimité, l’ancien sélectionneur du XV de France anime l’actualité rugby loin des terrains, au cœur de nombreuses affaires de trafic d’influence, corruption, abus de biens sociaux… Jugé coupable de corruption en décembre, il a fait appel et peut juridiquement resté à la tête de la FFR. Cependant le collectif Ovale ensemble, groupe d’opposition mené par Florian Grill, la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra, et même la Ligue National de Rugby ont manifesté leur volonté de voir le départ de Bernard Laporte. Tout ce climat a poussé le Comité d’Éthique et de Déontologie du Rugby Français a publié un avis relatif à l’organisation de la consultation des clubs pour la désignation d’un Président-Délégué.

Les votants sont appelés à répondre à la question unique suivante : “Approuvez-vous la proposition de M. Bernard Laporte de désigner M. Patrick Buisson en qualité de Président-Délégué de la FFR ?” Trois réponses à cette question sont proposées aux votants : Pour / Contre / Abstention. Ce matin à 09h00 le taux de participation était de 47,78% représentant 52,17% des voix.

• Si le “Pour” l’emporte…

…Patrick Buisson serait alors à la tête de la Fédération jusqu'à la fin du mandat de Bernard Laporte (printemps 2024) ou le procès en appel, s'il devait avoir lieu avant cette échéance et si, bien entendu, une relaxe était cette fois prononcée. L’opposition menée par Florian Grill “respectera la décision”.

• Si le “Contre” l’emporte…

… Le flou l’emporte également. Pour les soutiens du président de la FFR “Si le non l'emporte, Bernard Laporte peut désigner un nouveau candidat à la fonction de président délégué” assurait Patrick Buisson la semaine dernière à l'AFP, tandis que pour l’opposition “La raison devrait l'emporter avec l'organisation d'une élection générale. Elle pourrait l'être en six semaines. Si le non l'emporte, personne ne comprendrait qu'un nouveau référendum soit organisé” expliquait Florian Frill lors d'une conférence de presse organisée vendredi en amont du référendum.

Bernard Laporte prône la stabilité

Les arguments du vote “Contre” semblent convaincre les Français. Selon un sondage réalisé par Odoxa 68% des français souhaitent que Bernard Laporte quitte la présidence de la Fédération Française de Rugby. Les hommes à la tête du rugby français ne cessent de rappeler que l’équipe en place est parvenue à obtenir l’organisation de la coupe du monde de rugby 2023, et qu'à moins de huit mois du coup d’envoi de la compétition la stabilité est indispensable. “Il est plus l'heure de nous réunir, de nous rassembler et de pousser derrière notre quinze de France, que de vivre des échéances électorales.” selon Patrick Buisson pour l’AFP. Un argument évidemment retourné par l’opposition qui estime que l’image du rugby français a fortement été salie par le comportement de son président et qu’en vue de coupe du monde 2023 la FFR doit se montrer exemplaire et donc organiser de nouvelles élections.

Bernard Laporte et les siens défendent une politique qui a donné un nouveau souffle aux clubs notamment par une hausse du nombre de licenciés (+14,02% en 2022). Une hausse à relativiser, car la Fédération a créé une nouvelle catégorie “Baby Rugby” ouverte aux enfants âgés de 3 à 5 ans ce qui gonfle le nombre de licenciés.

Le référendum pose une question plus large que la nomination de Patrick Buisson. L'enjeu pour les clubs est de se mobiliser contre une politique condamnée par la justice. Le club de L’ASM Clermont Auvergne a décidé “Pour la première fois, sortir de sa neutralité, dans un moment qui lui semble important” afin d’exprimer publiquement son vote “Contre”. Le club auvergnat a la réputation d’une politique “lisse”. Une telle prise de position illustre les enjeux qui entourent ce référendum.

Émilien Terme